Éventaillistes
contre
gantiers
(1728)
A priori dédiées à la fabrication d'articles distincts, les deux corporations des éventaillistes et des gantiers partagent en réalité la préparation conjointe de certaines matières (peaux, taffetas, papiers), lesquelles les encouragent à entreprendre sur les privilèges de l'autre. Cette prétention est d'autant plus forte qu'à l'occasion de leurs procès, les belligérants exposent la généalogie de leur métier, et révèlent ainsi une pensée très profonde du corporatisme, celle que les origines déterminent le périmètre des actions autorisées.
C'est pourquoi, en prétendant que les éventaillistes sont en fait une excroissance de leur métier, sous la forme de compagnons tardivement autonomisés autour d'un savoir spécifique, les gantiers affirment le principe d'une dépendance nécessaire de la confection des éventails à l'intérieur de la ganterie. Ce point n'est pas que théorique, puisqu'il entraîne l'existence de chaînes de commandement/exécution, au sein des ateliers, et qu'il autorise aux uns plutôt qu'aux autres la vente de l'objet fini, l'éventail, dont la consommation se multiplie durant la période.