Épiciers
et
poids et mesures
(1725-1739)
Les poids et mesures en usage dans la capitale sont historiquement placés sous la garde d'une corporation marchande – les épiciers – connue pour vendre tous ses produits "au poids". Au nom des étalons conservés par le métier, ce dernier se voit confiée la police des poids dans la ville, à savoir la visite de toutes les boutiques (d'épiciers, mais aussi de boulangers, charcutiers, chandeliers, chaudronniers, fruitiers, potiers d'étain...) afin d'y vérifier la conformité des balances et des poids utilisés. Or, telle que les magistrats royaux la conçoivent eux-mêmes, cette visite est considérée comme une domination économique et sociale exercée par les marchands sur les artisans et producteurs.
Les conflits qui en résultent, diligentés par les métiers voulant échapper à cette tutelle des épiciers, mêlent ainsi les vexations occasionnées par la visite policière, et le droit à l'autonomie commerciale. Lorsque les bouchers défendent dans les années 1730 leur usage des balances romaines, ou "pesons", c'est non seulement pour défendre la fiabilité de leurs pratiques professionnelles, mais aussi leur liberté à s'auto-administrer en tant que métier indépendant.