Épiciers
contre
Apothicaires
chef d'œuvre
(1768-1770)
Plutôt tardive dans l’histoire de ces deux corporations jumelées à Paris depuis le XVe siècle, la querelle autour du chef-d’œuvre s’inscrit en fait dans une histoire très longue de leurs dissensions. Quand l’épicerie est plutôt confondue avec la marchandise, l’apothicairerie cherche à se confondre plutôt avec les sciences du corps, et cette différence nourrit non seulement une tension sur leurs privilèges plus ou moins partagés, mais aussi sur les parcours de formation qu’elles réservent aux aspirants à la maîtrise. Là, l’exécution du chef-d’œuvre, bien qu’imposée par les statuts des deux professions, se trouve bientôt rejetée par les épiciers comme étant le propre d’une formation artisanale. Mais les apothicaires veulent le leur réimposer.
Dès lors s’opposent deux visions de l’éthos marchand, selon qu’il veut soutenir un rôle de pourvoyeur d’abondance, ou un rapport spécifique et savant aux matières.